
12 janvier 2025
À partir de ce samedi 11 janvier, les sites pornographiques ont l’obligation de bloquer l’accès aux mineurs, sous peine de déréférencement par l’Arcom. Une première victoire pour les pouvoirs publics et les associations, toutefois loin de résoudre la question de l’exposition des enfants à ces contenus.
Pour les associations de protection de l’enfance, le 11 janvier est attendu comme une petite révolution. Ce samedi, les sites pornographiques vont enfin être contraints de bloquer l’accès aux mineurs de moins de 18 ans, plus de trente ans après l’introduction d’une loi interdisant leur exposition à ces contenus (article 227-24 du Code pénal).
Ces dernières années, leur consommation de pornographie a explosé : ils seraient aujourd’hui près de 2,3 millions à se rendre sur ces sites au moins une fois par mois. Plus d’un garçon sur deux de moins de 12 ans, et les deux tiers des garçons âgés de 16 à 17 ans auraient cette habitude. Notamment parce que, en guise de vérification de l’âge, une simple case demandant à l’utilisateur d’assurer avoir plus de 18 ans est bien souvent présentée sur la page d’accueil.
Mais il ne faut pas s’attendre à des écrans noirs dès samedi : la procédure prend plus de deux mois, de l’identification du site à la demande de blocage effective. La mesure était réclamée de longue date par les associations de protection de l’enfance. Car 2,3 millions de mineurs fréquentent des sites pornographiques en France, selon l’Arcom. "Les sites visés sont les plus problématiques, donc ceux qui sont les plus connus et qui ont les plus fortes audiences", affirme une source proche du dossier.
Une tolérance est accordée jusqu’au 11 avril aux sites qui proposent déjà une identification au moyen d’une carte bancaire mais ils devront ensuite obligatoirement proposer une solution à "double anonymat". De nombreuses start-up sont désormais sur les rangs pour équiper les sites de ce nouvel usage : d’un côté, l’utilisateur prouve sa majorité en téléchargeant un document d’identité sur une application et, de l’autre, le site internet reçoit l’information de l’âge du visiteur, sans connaître son identité. La publication du référentiel de l’Arcom a donné "un vrai coup de boost" à ce marché encore naissant, explique Jacky Lamraoui, qui dirige la start-up française IDxLab. Sa solution "Anonymage" est déjà présente sur une vingtaine de sites – toutes des plateformes pour adultes. C’est le cas du français Tukif, qui s’en est doté après que la cour d’appel de Paris a ordonné son blocage en octobre. "La loi est plutôt bonne mais, le problème, c’est la méthode employée", regrette Jérôme, le responsable du site.
"Ca a tué la fréquentation de notre site"
Il dénonce notamment le coût de ces systèmes de vérification, "1 ou 2 centimes par visiteur" pour les moins chers, mais aussi l’effet dissuasif sur les utilisateurs, qui se détournent vers des plateformes non réglementées ou des contenus partagés sur des réseaux sociaux comme X ou Reddit, non soumis à cette législation. "Depuis novembre, moins de 5 % des utilisateurs qui arrivent sur le système de vérification en sortent vérifiés", se désole-t-il. "Ca a tué la fréquentation de notre site". Car cette nouvelle mesure ne concerne pour l’instant que les sites basés en France et en-dehors de l’Union européenne.
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